Les effets secondaires de la radiothérapie

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    Comprendre l'Essentiel

    La difficulté la plus importante liée à la radiothérapie vient du fait qu’en irradiant une tumeur, on ne peut pas éviter totalement d’irradier les tissus environnants. Il y a donc un risque d’altération de cellules saines (c’est-à-dire non cancéreuses) situées à proximité de la zone qu’on souhaite traiter.

    Cependant, les cellules saines sont capables de se régénérer, à l’inverse des cellules de la tumeur.
    Cette altération entraîne ce que l’on appelle les effets secondaires. Même si ces risques sont connus, ils n’en constituent pas moins des conséquences pénibles lorsqu’ils surviennent. Toutefois, les techniques de radiothérapie sont de plus en plus précises et permettent de réduire au maximum la survenue de ces effets secondaires.

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    Les Grands Principes des Effets Secondaires

    On distingue 2 grands types de réactions : celles qui ont lieu pendant le traitement (réactions aiguës) et celles pouvant s’installer après le traitement (réactions tardives). Les réactions aiguës concernent avant tout la peau, le tube digestif et la vessie. Les réactions tardives concernent tous les tissus couverts par le champ d’irradiation.

    L’intensité des réactions est variable selon le site irradié, la dose totale délivrée, la dose par séance et la fréquence des séances, les organes concernés et leur éventuelle fragilité sous-jacente liée à des comorbidités, ainsi que la susceptibilité individuelle propre à chacun d’entre nous.

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    Les Réactions de la Peau

    Dans le cas d’irradiations de tissus superficiels (radiothérapie du sein ou de la gorge essentiellement), il est possible d’observer des réactions de la peau. Le plus généralement, ces réactions restent modérées. Le plus généralement, on note une rougeur et une chaleur locale de la peau, en rapport avec une augmentation de l’afflux de sang localement.

    Des irritations plus intenses peuvent être observées, mais ces situations restent peu fréquentes et correspondent à des situations particulières.
    Il est pertinent d’adopter quelques mesures simples pour éviter l’irritation de la peau :

    • Evitez l’exposition au soleil de la peau traitée. Prolongez cette éviction durant environ un an après le traitement. Seule la peau irradiée est plus sensible. La surface cutanée non traitée peut être exposée avec les mesures de prévention habituelles quant à l’exposition au soleil.
    • Prévenez la sécheresse cutanée : évitez les parfums, les colorants, les produits à base d’alcool…
    • Utilisez des produits hydratants hypoallergéniques. N’appliquez pas ces produits immédiatement avant les séances de traitement. Respectez un délai d’au moins 4 heures entre l’application et la séance. Votre radiothérapeute vous fera une prescription de crème hydratante afin de bien nourrir la peau et limiter les réactions.
    • Si vous utilisez des huiles essentielles, évitez l’huile de Millepertuis (photosensibilisante, pouvant donc favoriser un «coup de soleil» par dessus une éventuelle réaction cutanée liée à la radiothérapie). Sachez aussi que certaines autres huiles essentielles (comme la Naïouli, l’huile d’arbre à thé (ou tea Tree) ou la lavande) peuvent provoquer chez certaines personnes une action oestrognéique,, forme d’hormone féminine. Bien qu’aucune association n’ait encore été scientifiquement décrite, nous vous déconseillons ce type d’huile dans le cadre d’un traitement pour cancer du sein (très souvent hormono-sensible).
    • Privilégier les sous-vêtements et vêtements amples en coton et éviter le contact avec les matières synthétiques, plus irritantes. Evitez les sous vêtements à armature, typiquement les soutiens-gorge à baleines.

    Beaucoup de patients nous interrogent sur l’opportunité d’avoir recours à un coupeur de feu. Il n’existe aucune réponse scientifiquement établie sur le bénéfice d’une telle intervention. Il nous est donc difficile d’apporter un conseil pertinent. Mais, de la même manière, il n’existe aucun argument pour penser que ces interventions perturbent l’irradiation ou en empêche l’efficacité.

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    Les Règles Diététiques

    D’une manière générale, il n’y a pas de consignes diététiques rigoureuses à respecter lors d’une radiothérapie. En cas de champ d’irradiation couvrant la sphère digestive (abdomen notamment), il est prudent d’éviter les aliments ayant des vertus trop laxatives.

    Les boissons alcoolisées ne sont pas contre indiquées, mais il faut savoir qu’elles peuvent avoir une action irritante qui s’additionne à celle des rayonnements sur les muqueuses digestives, source d’inconfort.
    En cas d’apports nutritionnels insuffisants, un soutien nutritionnel peut vous être proposé. Le Centre Marie Curie propose une consultation avec une diététicienne en cas de besoin.

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    L'Hygiène Bucco-Dentaire

    En cas d’irradiation de la sphère ORL, il est indispensable de respecter une hygiène bucco dentaire rigoureuse, pendant mais aussi après l’irradiation : bains de bouche, brossage des dents réguliers, éviter les sucreries…. Certaines irradiations entrainent une fragilisation de la mâchoire, et des mesures préventives spécifiques peuvent être proposées (gouttières de fluoration).

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    Quelques Questions Fréquemment Posées

    Des explications et des conseils vous sont donnés par le médecin qui vous prend en charge et l’équipe qui l’entoure, afin de vous permettre de bien comprendre le déroulement de la radiothérapie et d’éviter ou de traiter ses éventuels effets secondaires. Certaines idées reçues persistent et inquiètent particulièrement nos patients.

    Nous souhaitons répondre ici aux principales interrogations de nos patients de manière efficace et succincte.

    La radiothérapie, ça brûle ?
    La radiothérapie reste encore aujourd’hui associée à l’idée qu’elle entraine systématiquement une brûlure.
    Cette notion de brûlure, solidement ancrée dans l’imaginaire collectif, est héritée de l’époque – pas si ancienne, il est vrai – des irradiations par cobalt. A l’époque, le faisceau du cobalt utilisé était relativement peu pénétrant et déposait une dose importante en surface. De plus, on ne disposait pas alors des informations scanographiques qui permettaient d’identifier les volumes cibles et de multiplier les faisceaux et portes d’entrée, diluant ainsi la dose et les calculs de distribution de la dose, quand ils existaient, étaient bien plus approximatifs que maintenant. Les doses par faisceau étaient donc beaucoup plus importantes. Ainsi. à l’époque, des brûlures parfois sévères ont pu être observées pendant le traitement. De la même manière, ces irradiations entrainaient, à long terme, des modifications des tissus qui, sur la peau, prenait l’apparence d’une séquelle de brûlure.

    Les technologies actuelles ont très nettement amélioré le traitement. Si des réactions cutanées restent possibles, les formes graves ne représentent qu’un très faible pourcentage de patients, souvent assujettis à des conditions d’irradiation particulières (irradiation dans des zones de plis cutanées en particulier). Notons par ailleurs que le terme de brûlure, si souvent employé en langage courant du fait de l’aspect très similaire, ne correspond pas au mécanisme qui sous tend cette réaction.

    Au cours d’une radiothérapie, faut-il avoir recours à un coupeur de feu ?
    La pratique de « couper le feu » n’est pas une pratique médicale à proprement parler. A notre connaissance, aucune donnée scientifique ne permet de se positionner pour ou contre. Il ne reste que l’incertitude sur le fait que « barrer le feu » ne vient pas diminuer l’efficacité du traitement. Là encore, aucun élément ne permet de trancher.

    La radiothérapie rend radio-actif ?
    Cette notion est fausse et reflète une méconnaissance des phénomènes de rayonnement.

    Concernant la radiothérapie externe, délivrée à partir d’un accélérateur linéaire, il n’y a pas d’ingestion et de pose de sources radioactives sur le patient. L’appareil délivre des rayons X de même nature que les appareils de radiologie conventionnels. Vous pouvez donc mener une vie normale ; votre entourage n’est exposé à aucun risque particulier, y compris les enfants ou les femmes enceintes.

    Certains traitements très spécifiques de radiothérapie, tels que la curiethérapie (qui consiste en l’implantation des sources radioactives au sein de la tumeur) ou l’irradiation métabolique (par injection d’iode radioactif par exemple), entrainent le port de sources radioactives. Les patients concernés sont hospitalisés dans des chambres spécifiques, et les visites sont interdites pour des raisons évidentes de radioprotection.

    Faut-il éviter d’avoir des rapports sexuels lorsque l’on a une radiothérapie ?
    Il n’y a pas de contre indication : il n’y a pas risque pour la personne soignée comme pour le/la partenaire. En revanche, en cas d’irradiation au niveau du pelvis (comme par exemple au niveau de la prostate chez l’homme ou de l’utérus chez la femme), les rapports sexuels peuvent être sources d’inconfort, voire de douleur. Par ailleurs, le temps du traitement peut être une période difficile psychologiquement, où l’on est moins disponible pour la vie intime. Il convient donc de respecter à la fois le désir et le plaisir du rapport.

    La radiothérapie peut interférer avec un pacemaker ou un défibrillateur implantable ?
    C’est vrai ! Les patients porteurs d’un pacemaker ou d’un défibrillateur implantable doivent bénéficier, s’ils ont une radiothérapie externe, d’une surveillance spécifique auprès du cardiologue traitant pendant le traitement. Cela est dû à la présence d’un champ magnétique pulsé dans l’accélérateur qui peut modifier les réglages du système implanté.

    Néanmoins, ce phénomène reste rare et ne contre indique pas l’irradiation, sous réserve d’une surveillance cardiologique rigoureuse.

    Les rayonnements utilisés en radiothérapie peuvent provoquer un autre cancer ?
    Le risque de second cancer provoqué par une radiothérapie est une question qui préoccupe de nombreux patients. Le risque d’apparition d’un second cancer dans la zone qui a été traitée par radiothérapie est extrêmement faible chez l’adulte. L’idée que l’exposition aux rayonnements électro magnétiques (dont les rayons X font partie) puisse être source de cancers est largement diffusée dans l’inconscient collectif. Ces questions reviennent régulièrement dans l’actualité : téléphones mobiles, accident de centrales nucléaires telles que Tchernobyl et Fukushima, bombes nucléaires….

    La réalité scientifique est plus complexe. Des cas de cancers radio induits ont été documentés au début du XXe siècle, particulièrement chez les ouvrières de l’horlogerie. A l’époque, des peintures à base de radium étaient utilisée pour peindre en particulier les aiguilles des montres ou des réveils, du fait des caractéristiques phosphorescentes du radium. Le radium se retrouvait ainsi sur la peau (par les éclaboussures) et même était ingéré (car les pinceaux étaient affinés avec les lèvres). La durée d’exposition (tous les jours pendant plusieurs années), et les doses reçues ont été responsables de problèmes de santé pour ces ouvrières (que la presse surnomma les « Radium Girls »), notamment pour certaines des problèmes de cancers primitifs des os, maladie extrêmement rares spontanément.

    En pratique, on sait que l’exposition aux rayonnements ionisants peut être cancérigène s’il elle n’est pas étroitement surveillée. Ce phénomène est admis comme une réalité scientifique, survenant plusieurs années après l’exposition (volontiers 10 à 20 ans) mais restant néanmoins exceptionnel (taux d’environ 1/100 000 tout type d’irradiation confondu), notamment grâce à toutes les protections mises en place aujourd’hui – tant pour les patients que pour les professionnels de santé – à tel point que les données statistiques sont très difficiles à obtenir. L’analyse est faussée en partie par le fait que de plus en plus de patients sont guéris, notamment grâce à la radiothérapie, et qu’ils vivent donc suffisamment longtemps… pour avoir un autre cancer !

    Peut-on travailler en cours de radiothérapie ?
    Il n’est pas obligatoire d’interrompre son activité professionnelle au cours d’une radiothérapie externe. Néanmoins, il faut avoir conscience que des séances sont organisées quotidiennement, et que cela impacte l’organisation de la semaine (entre les soins médicaux, le travail, et la vie privée). Le traitement peut provoquer de plus une certaine fatigue à prendre en compte dans la capacité de travail.

    Peut-on faire une pause pendant le traitement ?
    En général, non : la dose est fractionnée en séances afin d’obtenir un équilibre entre l’efficacité sur les tissus malades et la tolérance des tissus sains environnants. Il n’y a pas de séance prévues les week-ends et les jours fériés, et les équipes techniques travaillent d’arrache pied pour limiter toutes les autres formes d’interruption (maintenances préventives ou correctives des accélérateurs). Si une journée ponctuelle d’interruption ne pose pas de problème majeur, une interruption prolongée peut nuire à l’efficacité du traitement.

    Peut-on poursuivre les traitements habituellement pris pour d’autres problèmes de santé ?
    Oui : lors de la consultation initiale, le radiothérapeute fait le point avec le patient sur l’ensemble des problèmes médicaux qui le concernent, indépendamment du problème oncologique. Il est très important de donner à cette occasion l’ensemble des traitements pris habituellement. Si une éventuelle incompatibilité existait, elle serait signalée.

    Est-on fatigué par le traitement ? Faut-il limiter les efforts ?
    Une radiothérapie externe peut être responsable d’un certain degré de fatigue, lié notamment à la succession des allers-retours nécessaires pour réaliser tout le traitement. Les séances, prises individuellement, ne sont pas spécialement éprouvantes mais leur succession peut finir par provoquer une lassitude physique et/ou psychologique.

    Il n’est pas recommandé d’interrompre toutes les activités physiques, bien au contraire. Le repos total a tendance à entrainer une désadaptation à l’effort. Il vaut mieux maintenir une activité régulière, mais adaptée à ses capacités, en respectant ses limites.

    Peut-on conduire lorsque l’on a une radiothérapie externe ? Peut-on bénéficier d’un transport sanitaire ?
    En dehors des situations d’irradiations de la tête, il n’y a pas de contre indication à la conduite. Si vous décidez d’utiliser votre propre véhicule, une prescription de transport vous sera proposée afin de demander un dédommagement financier à la Sécurité Sociale sur la base d’un barème kilométrique. Cela permet aussi une bonne autonomie dans les trajets. Un parking privatif est proposé sur notre site.

    Au vu des allers retours cumulés pour tout le traitement, en prenant compte des éventuelles autres thérapeutiques réalisées (chimiothérapie par exemple), un transport sanitaire peut être proposé pour la durée du traitement.

    Lors des visites de suivi après la radiothérapie, la prescription d’un transport sanitaire n’est justifiée qu’en cas d’impossibilité d’utiliser un véhicule personnel, sans pouvoir être véhiculé par un proche tel qu’un conjoint. Notez que le fait d’être en ALD100 ne donne par « droit » par principe à un transport sanitaire. Ce dernier est une prescription qui doit être justifiée au même titre que tous les autres traitements proposés à un patient.

    En cas d’irradiation au niveau du cerveau, la conduite automobile est contre indiquée, de même que toute activité nécessitant une concentration constante (sport à risque, manipulation d’outil potentiellement dangereux (matériel de jardinage ou de bricolage électro-portatif ou électrique notamment)). En cas d’accident, les assurances pourraient ne pas couvrir les dommages. Il est recommandé de se rapprocher d’un médecin assermenté auprès de la préfecture pour obtenir une autorisation de conduite.

    Perd-on ses cheveux avec la radiothérapie ?
    Tant que la tête n’est pas concernée par l’irradiation, il n’y a aucun risque de perte de cheveux.